samedi 27 juin 2009

Premier réveil dans la maison











Ce matin, samedi, réveil à 10h (11h pour Yann (cf photo) et 8h pour Alec, qui après 3 nuits quasi blanche et un coucher à 5h30 a définitivement un problème d'horloge interne).
Nous montons sur la grande terrasse sur le toit de la maison pour observer les alentours: très cliché: des marchés de tout et n'importe quoi, de la terre rouge, des enfants partout (cf photo)
Pendant que la femme de ménage et le plombier remplissent leurs offices, Alec qui est en manque d'internet part acheter une clé 3G et Greg et moi filons acheter le p'tit déj.
Petit déjeuner collectif et constitution des équipes de travail.
Alec et Greg sont partis gérer la partie informatique, trouver un cyber café (car pour la petite histoire, le quartier qui héberge la boutique Orange Mali qui vend les cartes 3G n'a pas d'électricité et le vendeur ne peut donc pas activer la carte).
Yann et moi préparons le planning des audits et les tâches à accomplir ainsi que leur répartition.(cf photo)
Pendant ce temps des Maliens entrent et sortent de partout, allument la TV, se servent dans le frigo.
Nous calmons alors Alec et lui rappelons la devise de notre séjour ici: Laisse pousser les baobabs!
Alec & Greg doivent avoir produits des SIG (soldes intermédiaires de gestion) d'ici ce soir pour le maroquinier puis nous partirons le rencontrer.
Ce soir nous organisons une soirée autour de la piscine avec tous nos nouveaux amis (ceux que nous avons choisis et rencontrés dans l'avion, pas ceux que nous subissons dans la maison).
La seconde partie des membres de l'expédition (Sandra, Solange, Géraldine) arrivent cette nuit à 3h30.
Antoine arrive mardi et Kasia le 3 juillet.
Nous partirons le 4 pour le pays Dogon et revenons le 9.

Sur ce, je vous quitte et retourne travailler à la planification de la mission avec Yann!

La négociation la plus longue de la soirée la plus longue du jour le plus long.

Après s'être perdu une ou deux fois, nous arrivons à la maison.
Le proprio n'est pas là mais un jeune de notre âge nous fait visiter.
Un autre jeune renfrogné (qui se présente comme le chef) et un vieux (qui file directement dans le salon pour regarder la TV et nous laisse discuter à l'étage)arrivent.
Les conditions ont encore changé.
Chacun bute sur des détails et campe sur ses positions.
Abba qui nous accompagne sert d'interprète en langue Bambara et surtout d'intérmédiaire.
La négociation a débuté à 21h15, un accord sera trouvé à 23h45...
Greg dort sur un matelas depuis 22h30.
Yann a gardé la voiture d'Abba qui contient nos bagages et s'est lié d'amitié avec la moitié des jeunes du quartier qui aiment la France, Zidane, Céline Dion et Fifty Cent.
Alec a 23 de tension.
Je décide d'aller discuter avec le vieux qui m'a l'air moins neutre qu'il ne paraît.
Après 30 minutes de palabres (qui sont mes parents, d'où je viens, puis qui il est « Gagny », d'où il vient « Kayes Sud du Mali » où il vit « En France depuis 1966 dans le 77 près d'Orly » si il a des enfants « 12 de 2 femmes et ils sont âgés de 2 ans à 34 ans, l'aîné est sergent dans l'armée Française, les autres garçons sont tous installateurs de clim (un bon business pour revenir faire fortune à Bamako) ».
Il est le propriétaire de la maison.
Le vrai.
Il a même plusieurs maisons dans le quartier.
Le climat s'améliore, nous sortons le cash.
Le jeune casse bonbon sans aucun pouvoir qui se prend pour Scarface veut alors marquer une dernière fois son territoire et « n'a pas confiance en nos billets. »Il est près de minuit et il exige que nous allions ensemble trouver un commerce avec un détecteur de faux billets ouvert.
Alec manque de l'étrangler avec un chargeur de portable puis se ravise et s'exécute en compagnie d'Abba.
Greg dort.Je poursuis les palabres avec le vieux.
Alec revient, nous signons le bail, nous partons chercher à manger avec Abba.
Retour à la villa avec de la vache kiri, du poulet, des frites, nous dinons, épuisés, hagards, en regardant la redif de Pékin Express sur TV5 en compagnie du vieux (qui dort à la villa avec nous pendant 2 jours avant de repartir) et de quelques Maliens indéterminés qui ont apparemment la coutume (au grand damn d'Alec) de squatter la villa, la piscine et la tv...
La décision a été prise à l'unanimité: après le départ du vieux nous fermerons le portail a clé pour éviter les va et vient.
Nous partons nous coucher, fourbus.
Dernière mauvaise surprise au moment du coucher: pas de crochet au plafond pour les moustiquaires, la cuvette d'un des WC est cassée, une douche est bouchée, une autre refoule.
Nous prenons sur nous, douche dans une odeur de décharge et couché sous une moustiquaire branlante.
Et malgré cela une des nuits les plus délicieuse de notre vie...
Sauf pour Alec et Yann, qui après avoir veillé en travaillant sur le projet informatique, ont filé à 3h à l'aéroport pour tenter de récupérer leur valise.
Et là, ce qui devait arriver arriva: Yann, notre stagiaire zen a failli assassiner un douanier qui refusait de lui donner sa valise, enfin arrivée, parce qu'il voulait d'abord recompter tous les bagages.
D'après le témoignage d'Alec, la vision de 150 maliens (dont des douaniers et policiers) terrorisés par un frêle stagiaire Français en plein nervous breakdown pour cause de manque de sommeil et de douche depuis 48h valait le détour.

La soirée la plus longue du jour le plus long ...


Rdv est pris à la Villa à 21h.
Il est 18h30, nous filons à l'hôtel récupérer nos bagages en pleine tempête de sable rouge qui annonce un orage dantesque(cf photo) et là: CLASH.
L'hôtelier avait compris que nous restions une nuit supplémentaire et veut nous faire payer 2 nuits.
Après 25 minutes de négociations âpres (qui ont valu à Alec une sacré montée d'adrénaline) il nous fait une 2ème nuit à moitié prix pour le dédommagement.
Paiement, retour en taxi chez Abba sous une pluie battante.
En attendant 21h nous partons retirer de l'argent pour pouvoir payer « cash » le loyer (les Maliens ne sont pas fan des chèques...).
Les 2 premiers distributeurs sont hors service.
Au 3ème nous croisons une Française qui à la question « que fais tu ici? » a eu cette réponse surprenante: « je suis syndicaliste (sic) et j'aide les travailleurs sans papiers en France... ».
Nous avons eu droit à un sermon de 15 minutes sur l'Afrique dans laquelle nous allions avoir des problèmes avec nos têtes de « Toubab » (étranger blanc).
Une fois géré la mutante Indiana Jones/Olivier Besancenot locale, nous atteignons le distributeur qui mouline carte en bouche avant de la rejeter dans un sempiternel: machine hors service.
Damned.
Notre syndicaliste baroudeuse nous conseille d'aller à l'hôtel de l'amitié qui appartient à « ce salaud de Khadafi » héberge les riches Français, hommes politiques, d'affaire et équipages d'Air France ET a un distributeur pour les grosses coupures.
Direction les beaux quartiers, nous débarquons en tong et guenilles dans le hall du Palace et filons droit au distributeur.
Marbre, déco ostentatoire, des ascenseurs sortent des Blancs d'âge mur au bras de jeunes Maliennes dont la tenue vestimentaire laisse supposer qu'elle ne partent pas aux champs pour piler le mil.
Les équipages Air France sont bien là et sirotent un brandy cigare au bec...au moins pendant ce temps là ils ne s'écrasent pas sans crier gare au large du Brésil.Argent en poche direction la maison.

Le Jour le plus long...SUITE




Arrivé devant la première maison, nous revoyons notre vocabulaire: en France on appelle ça un palais.
Des cuisines partout, 7 ou 8 chambres avec salles de bain, un Hummer (prix catalogue 230 000€) dans le garage, la clim et des meubles qui nous ont valu ce commentaire spontanée de Yann en visitant la première chambre: « Putain mais ils ont récupéré les meubles de Saddam Hussein! ».
Mais pas de piscine.
Direction la seconde maison, plus petite (mais quand même 3 étages, 4 chambres avec sdb, ventilation par pales, salon, tv, jardinet ET piscine.(cf photos)
Négociation avec l' « intermédiaire » immobilier à peu près aussi honnête et rassurant qu'un agent immobilier Français: le prix annoncé par téléphone a changé: ce n'est plus 400 000 francs CFA pour le mois (600€) mais 750 000CFA (environ 1150€).
Traduction: on savait pas que c'était pour louer à des blancs.
Ils précisent que le tarif est « à négocier », nous prenons rdv pour rencontrer le propriétaire et faire baisser le prix après l'heure de la prière (nous sommes vendredi dans un pays Musulman).
Retour chez Abba.
Greg (qui s'est particulièrement bien adapté au rythme local et se sent comme un poisson dans l'eau), reste avec Abba pour préparer à manger, palabrer et faire une sieste.
Nous filons rencontrer un autre contact sur place, un « homme d'affaire » sulfureux que pour des raisons de sécurité nous appellerons Célestin.
Il trempe dans le tourisme, a vécu en France et a épousé une Française, connait Alec depuis un an par l'intermédiaire d'un ami Français qui se porte garant de nous, doit nous organiser le trek et nous avait mis en relation avec l'intermédiaire immobilier pour la maison.
Quand nous lui annonçons que les prix annoncés pour la maison ont changé, il pique une colère, convoque l'intermédiaire chez lui sous 10 minutes et menace de lui crever les yeux (sic) si il ne négocie pas les prix en notre nom avec le propriétaire.
L'autre baisse les yeux et s'engage à s'exécuter.
Célestin nous chiffre le trek, nous partageons le thé de l'amitié, prenons des nouvelles de la famille, jouons avec sa fille de 3ans (cf photo) et prenons congès.
De retour chez Abba, sa cuisinière nous a préparé un festin.
Poisson grillé, Aloco (banane planteur frite: un régal), semoule au piment et oignons et boeuf préparé d'une façon complexe pour un résultat délicieux, mangue.
Nous mangeons « sans protocole » et nous retirons dans le jardin pour digérer en attendant que le « faiseur de thé » d'Abba (qui passe chaque jour chez lui à 17h pour lui préparer son thé) vienne le servir.
Abba nous explique, dans les grandes lignes, les principes sociaux qui régissent les relations au Mali: les ethnies, les mariages, les croyances.
Absolument passionnant!
Entre temps le propriétaire de la villa rappelle et nous la laisse pour 600 000CFA: le prix est « raisonnable » et nous permet d'éviter les 100 000CFA/jour de l'hôtel pour une nuit supplémentaire : nous acceptons.

Le Jour le plus long...







Pour faire un parallèle avec nos impressions il y a un an en Thaïlande, je dirais que comme là bas, le première impression est la foule.
Cela grouille littéralement, surtout d'enfants!
La GROSSE différence est l'organisation.
Quand en Thaïlande des milliers de personnes évoluent ensemble et semblent respecter une organisation non écrite ou obéir à un plan, ici la rue semble ne respecter qu'un principe: l'anarchie.
Il y a du monde partout qui fait tout et n'importe quoi n'importe où.
Des coiffeurs sur la bande d'arrêt d'urgence de la voie rapide, des vendeurs de recharges de mobile sur le terre plein central.
Tout cela ne va pas sans quelques heurts: en une journée nous avons observé 2 accidents de la circulation dont un assez grave.
Bref: un énorme bazar de 3 millions d'habitants dans lequel aucune maison ne dépasse 1 étage.(cf photos)
Une fois atteint notre point de rdv (Le Palais de la Culture Amadou Hampate Ba) nous rejoignons Abba, beau-frère de Fatoumata, une collègue de travail d'Alec, qui est notre contact sur place.
Il nous accueille chaleureusement (ce qui est la spécialité du Mali!) et met à notre disposition son chauffeur pour que nous allions visiter des maisons (car oui nous n'avons pas de toit pour l'instant).

Direction Hôtel Almounia II

Notre contact sur place nous a envoyé son chauffeur et nous a réservé des chambres d'hôtel.
Nous traversons Bamako de nuit.
Premières impressions: étrange.
Des gens dorment partout dans les rues, par terre sur des bancs, des abris en tôle vendant des cartes téléphoniques « Orange Mali » sont ouverts...à 4h du matin.
Après 20 minutes, nous arrivons à l'hôtel et montons dans nos chambres: pour reprendre la description faite dans le petit fûté Mali: relativement propre, climatisé, décoration quelconque.
Nous nous couchons à 5h30 (après une réunion briefing sur le programme du lendemain) en demandant au gérant de nous réveiller à 9h30.
A 9h45 le réveil de secours que j'avais programmé me réveille.
Comme je m'en doutais, personne ne nous a réveillé.
En partant vers le restaurant pour le petit déj vers 10h , nous croisons le gérant qui vient nous chercher...
La TV qui diffuse TV5 Monde nous ramène à notre triste sort: Edition Spéciale en boucle sur la disparition du King of Pop.
Après un petit déjeuner très Français (café, pain, beurre, confiture, thé), nous prenons un taxi pour partir enchainer nos rendez-vous.
Traversée de la ville de jour: nouvelles impressions...

« Les merdes volent en escadrille » J. CHIRAC.


Retrouvailles, présentations, queue pour l'embarquement, DRAME: un sms tombe: Mickael Jackson est mort.
Je propose d'annuler la mission.
Refus de mes camarades imperméables à tout sentiment humain.
Après un vol chaotique (enfants qui hurlent, voisin de derrière qui a peur de l'avion et se cramponne à mon siège en le secouant pour se rassurer) nous arrivons à l'aéroport de Bamako Senou.
Après les formalités douanières approximatives, nous attendons nos bagages.
Le tapis se met en route, des bagages énormes arrivent (le Malien ne voyage pas léger...) mon sac pointe le bout de son nez, la valise de Greg fait son apparition, le tapis tourne, tourne et tourne.
Sur les 160 passagers de l'avion, une vingtaine seulement ont retrouvé leurs affaires, puis le tapis s'arrête et un agent de l'aéroport s'écrie une phrase surréaliste pour nous jeunes occidentaux:
« C'est terminé pour ce soir »...
Spontanément les 137 passagers lésés se dirigent d'un seul homme vers le « Bureau des Litiges » (d'une surface au sol de 1,5m² environ).
Notre temps de réaction a été trop long: nous sommes 136 ème et 137ème dans la file d'attente avec nos nouveaux amis.(cf photo)
Pendant ce temps là Greg et moi sommes contrôlés par des douaniers qui nous soupçonnent d'avoir pris des bagages qui ne nous appartiennent pas.
Ils ne sont pas d'accord entre eux sur la manière de s'assurer que nous sommes les véritables propriétaires.
Nous proposons une solution simple :chacun de nos bagages a un cadenas à code ou clé: nous avons les clés, nous ouvrons et cela prouve qu'ils sont à nous: trop simple.
Le plus jeune propose que nous ouvrions les cadenas PUIS que nous nommions chacun 2 objets présents dans chaque valise.
Nous acceptons.
Le plus âgé (et plus gradé) prend alors les choses en main avec une propositions surprenante: Vous avez des passeports?
-Oui.
-Montrez les nous et ça prouvera que ce sont vos bagages...
- - - Silence consterné - - -
J'accepte sans comprendre le lien.
Greg et son honnêteté légendaire prennent les choses en main:
-Mais enfin Monsieur le Douanier, réfléchissez 2 minutes, cela ne prouve absolument rien, on peut très bien avoir un passeport et voler des sacs et AIE!!!!!!! (j'écrase le pieds de Greg)
Présentation des passeports avec un grand sourire hypocrite.
Validation
Nous repartons libres avec nos valises.
En déposant leur « plainte » Alec et Yann apprennent qu'une grande partie des bagages qui sont arrivés ce soir là étaient des bagages de vols datant de 2 ou 3 jours...
Nous devons donc revenir le lendemain, à la même heure (3h30 du matin) pour espérer récupérer nos biens.

Nous Partîmes 500...


Greg et moi étions dans l'avion de la Royal Air Maroc Paris-Casablanca de 19h30 (au passage: repas à bord délicieux: Tajine de Poulet).
Alec et Yann embarquaient sur le Paris-Casablanca de 21h05 car oui chez Labadens on ne prend aucun risque et le Président et le Vice-Président ne prennent jamais le même avion ;-)
Nous avions rdv à Casablanca pour reformer la troupe et prendre ensemble le Casablanca-Bamako.
Nous attendons donc Alec et Yann au point convenu: en vain.
A quelques minutes de l'embarquement j'entrevois au loin 2 silhouettes vaguement familières mais je me résous: ce n'est pas eux puisqu'ils sont accompagnés de 2 jeunes filles ce qui n'est pas prévu dans le programme.
ERREUR
Il ne faut jamais sous-estimer la capacité d'Alec à drainer (de grés ou de force) des amis ni la motivation d'un Yann tombé sous le charme d'une jeune étudiante franco-sénégalaise partant en stage à Bamako.
Pour la petite histoire, à l'arrivée à Bamako, notre groupe initial de 4 personnes, devenu 6 à Casablanca, atteindra même le chiffre impressionnant de 11 personnes grâce à 2 architectes belges voisines d'Alec dans l'avion, un gars qu'Alec avait croisé à l'embarquement et un couple innocent qui avait simplement fait l'erreur de regarder Alec dans les yeux...(cf photo d'une partie de la troupe)

Le Grand Départ


Arrivé à l'Aéroport d'Orly nous nous préparons à embarquer avec Greg.
Nous avons en notre possession une gourde isotherme de randonnée pleine.
Consignes de sécurité oblige, nous sommes forcés de la vider avant d'embarquer, soit en la buvant soit en nous débarrassant de son contenu dans les toilettes.
Après avoir bu chacun plus que de raison, Greg se propose d'aller jeter le résidu.
Je l'observe s'éloigner, en me disant que je n'ai vu aucune toilette dans cette direction mais sans me poser plus de question...
Quelques minutes plus tard lorsque je jette un second coup d'oeil, j'aperçois Greg en train de faire la tournée des plantes vertes de l'aérogare pour les arroser chacune leur tour avec précaution.(cf photo)
Premier fou-rire.
Là ou les choses sont devenues vraiment drôles, c'est quand nous nous sommes aperçu qu'il s'agissait de plantes de décoration en plastique et qu'il avait simplement inondé l'aérogare pour rien.