Le vendredi, c'est ...audit!!!!!!!!!!!!

Vendredi:
Nous avons rdv à 9h chez l'avocate.
A 9h10 Alec me réveille: aucun réveil n'a fonctionné.
Nous courrons arracher Antoine à son lit puis filons prendre un taxi (avec tellement d'empressement que 3 minutes après la fin brutale de ma nuit je me retrouve torse nu en pyjama dans la rue avec un sac à dos et mes vêtements entre les dents à héler des taxis...
Le téléphone sonne: Korkoss, notre maroquinier pour qui nous organisons la session d'avocat a eu un décès dans sa famille dans la nuit: demi tour toujours torse nu à 9h14 direction mon lit.
Alec me retient in-extremis pour partir tout de même chez l'avocate travailler sur certains points: damned: encore une grasse matinée qui me file entre les doigts.
Avis aux amateurs: le Antoine réveillé sans ménagement n'est pas très sociable et le Alec ne vaut guère mieux... pour ma part je suis toujours embrumé.
Les filles s'accordent une grasse matinée car leur première obligation est un déjeuner avec nous à 12h30 avant d'aller faire les courses pour la logistique du Trek qui débute demain.
Un facteur va légèrement bouleverser notre programme.
Yanno notre stagiaire est souffrant.
Il est atteint de la SEULE pathologie que notre médecin de bord n'a pas anticipé dans sa trousse d'urgence (qui contient pourtant tous les anti-diarréiques, anti-inflamatoires, antibiotiques, un défibrilateur, un IRM et une demi douzaine d'organes prêts à être transplantés en cas de coup dur): une angine...
Bouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuhhhhhhhhhhhhhhhhh.
Nous l'avons donc obligée à afficher sur son front le "L" de Loser toute la journée pour la punir (cf photo)
Afin d'être certains que malgré son état de fatigue, Yanno (son nouveau surnom) peut venir au trek, nous décidons de ne prendre aucun risque et l'emmenons à la clinique pasteur pour consultation.
Après prise de sang, pas d'inquiétude particulière, le diagnostic d'angine virale est confirmé et le traitement est adapté.
Notre déjeuner avec l'association « la voute Nubienne » se révèlera particulièrement stérile et nous enchaînons avec un audit en plein soleil à l'heure de pointe avec Antoine.
Notre Susan Boyle se révèle toujours aussi surprenant: sur son site de production (qui tient plus de la décharge que de l'usine) il a emménagé artisanalement un espace de démonstration (cf photo avec Antoine sur le post précédent) et joue le jeu de la transparence et de la coopération à 100%: un régal.
Nous terminons notre audit préliminaire à 17h et filons rejoindre Greg, Moumine (notre comptable local) et Alec pour notre dernier audit de la journée: la Miellerie, chez Aliou et son épouse (cf photo).

Nous terminons vers 19h45 (après que Greg, Antoine et Moumine aient assisté à une forte altercation entre leur taxi et un scooter qui est allé jusqu'à un brandissage de machette cf photo) et rentrons nous préparer pour recevoir Kasia qui arrive de New-York et pour notre dernier dîner à la civilisation avant le départ en trek demain jusqu'au jeudi 9 juillet.
Notre couverture réseau sera plus qu'aléatoire et la liaison internet...fortement improbable.
Je réclame donc votre clémence pour le manque d'activité du blog pendant 5 jours...

Sur ce bonne soirée et à très bientôt!

Ps: Désolé mais certaines photos ont été interchangées sur les 3 derniers posts...les joies d'une connexion bas débit!

En direct de TV Mali!

Jeudi: pour les filles direction le musée national et ses magnifiques collections d'art traditionnel.
Pour Alec, Antoine et Moi rdv dans une coopérative Laitière (qui répond au doux nom de Pilapoum et que nous avons rebaptisé pif paf boum en moins de 3 minutes d'entretien).
Pour Greg: grasse matinée et lessive.
Pour Yann: journée de formation des ouvriers chez Korkoss.
Nous sommes arrivés avec 30 minutes de retard à la coopérative et nous avons été reçus avec 20 minutes de retard en plus.
En clair nous avons débuté à 10h50 un entretien planifié à 10h.
Nous nous excusons donc pour notre retard et notre hôte nous sert cette réponse d'anthologie (que nous avons recyclée pas mois d'une quinzaine de fois en moins de 24h):
« En retard? Nooooooon!!!!! Ici au Mali l'heure c'est l'heure...mais les minutes c'est autre chose! ».
L'entretien est intéressant et le projet ambitieux, mais peut être trop pour une organisation comme la notre, encore jeune et surtout sans présence permanente sur Bamako.
Nous partons pour le centre des congrès (après une escale au restaurant du centre culturel Français(cf photo), notre havre de paix culinaire, pour ingérer un couscous sur le pouce (tiens ça rime)) où se tient le salon de l'innovation.
J'entends déjà d'ici les mauvaises langue s'écrier devant leurs Pc (ou Mac, personne n'est parfait): QUOI? Les Maliens ont des innovations?
OUI.
Nous avons donc retrouvé notre artisan de la Miellerie qui présentait sa nouvelle version de ruche solaire (un peu long à expliquer par écrit).
Et là, pendant que nous discutons avec Aliou (notre producteur de Miel), un petit excité avec un badge « organisation » déboule sur le stand et nous invective: « partez, les officiels et les ministres arrivent! ».
Nous plions bagages et Aliou nous retient: « Restez, je vais vous présenter au Ministre comme des investisseurs Européens » (ça tombe bien c'est ce qu'on est).
Et voilà comment, dans une bousculade incroyable, nous nous retrouvons dans l'oeil du cyclone, entouré par le service de sécurité du ministre de l'investissement, à lui serrer la paluche avec Greg, Alec et Antoine, et à recevoir ses encouragements pour nos actions au Mali sous l'oeil de toutes les TV sous régionales et de tous les reporters des principaux quotidiens Maliens (cf Photo).
Remis de nos émotions, après un rapide tour du salon, nous identifions 2 projets intéressants (une barge de production d'électricité et une innovation pour la plomberie...à laquelle après débriefing nous n'avons rien compris.
Retour à la maison, réunion de structuration financière avant le rdv de vendredi chez notre avocate puis départ pour un diner chez Abba avec son épouse et 3 amies.
Soirée très sympa et chaleureuse comme seuls les Maliens savent en organiser!
Retour et KO pour tout le monde: direction nos moustiquaires.

Sous les pavés la marge...

Hier, mercredi, nous changeons de stratégie.
Suite au décalage de notre rdv avec l'avocat de mercredi à vendredi, nous profitons de la journée pour tenir audience à la maison et invitons les entrepreneurs à venir nous rencontrer à domicile (marre des trajets interminables à travers Bamako).
Korkoss nous rejoint donc à 9h30.
Nous tenons concile toute la matinée avec lui pour revoir l'ensemble des mécanismes juridiques et financiers qui nous lieront au cours des 5 à 8 prochaines années.
Korkoss intègre bien le concept et va prendre quelques jours de réflexion avant de donner son accord définitif.
Après 3h de réunion avec Alec, Antoine et Moi, il enchaîne avec une réunion de réorganisation de sa production animée par Yann (en présence d'Alec et Moi).
En une heure et demi, nous réinventons l'organisation Taylorienne du travail et organisons la production de Korkoss (un sac intégral par ouvrier et par jour) en sous tâches (un ouvrier produit toutes les anses de la semaine le lundi, les fermetures le mardi...et assemble les 5 sacs le vendredi pour éviter les erreurs liées au changement de tâche et accroître l'effet expérience).
Korkoss enchaîne avec une troisième réunion (nous ne sommes pas encore atteints par le Palu mais nous souffrons tous d'une réunionite aiguë et contagieuse) avec Greg pour finaliser l'acquisition d'info sur la comptabilité d'UPC, sa société.
En parallèle, en plein orage tropical (qui a inondé la chambre d'Antoine et Yann) nous accueillons Modibo TRAORE, Directeur de la société UTTDP (dont nous parlions hier).
Il arrive, tout petit sur sa moto hors d'âge vêtu de guenilles détrempées.
Nous nous regardons d'un air perplexe, voire même sceptiques.
Nous lui prêtons des vêtements et l'invitons à entrer dans la maison.
Nous nous présentons brièvement avec l'arrière pensée de l'expédier rapidement.
Il butte sur l'orthographe de nos noms et nous nous moquons dans nos barbes.
Puis il nous expose son projet et son parcours.
Nous ravalons notre arrogance et comprenons à quel point nous avons été stupides et présomptueux.
Après son brevet de technicien en électricité et mécanique il était au chômage et a décidé chercher sur google des idées à base de recyclage du plastique.
Il a alors été interpellé par la méthode de fonte et compactage du plastique pour constituer des pavés.
Il a construit un prototype, mené des expérimentations, et mis au point son propre process avec une rentabilité étonnante...
Il a contacté l'ambassade Américaine qui est tombée sous le charme de son produit et son projet.
Ils souhaitent lui en commander de grandes quantités mais ses capacités de production restent limité.
Il souhaite un accompagnement sur 3 points: commercialisation (contact des ambassades, ONG pour présenter sa technologie), production (mise au point et achat d'une machine plus performante et non polluante), aménagement de son site de travail (pour ne pas avoir l'effet désastreux que nous avons eu hier revoir photo).
Modibo nous a littéralement bluffé et nous avons eu l'impression d'être le jury de Pop Idol découvrant Susan Boyle...(cf photo)
Nous l'avons reconduit à la porte avec beaucoup de respect et un peu honteux de notre faculté à juger sur l'habit et non pas sur l'esprit.
Nous le retrouverons vendredi sur son site de production.


A la fin de la journée, la tête pleine d'émotions et de nouvelles idées (bref: la migraine) Alec et Moi effectuons un repli stratégique vers nos chambres respectives pour un débrief vertical (une sieste).
Les filles de leur côté ont dilapidé leurs économies de l'année pour acheter des souvenirs artisanaux (made in Taïwan) au marché en les payant 10 à 15 fois leur prix...
Géraldine s'en sort donc avec un sac en peau de chameaux (dont elle avoue elle même qu'elle ne l'utilisera jamais) et Sandra et Solange reviennent avec assez de boîtes pour organiser un remake Malien de l'émission « A prendre ou à laisser ».
Le soir, tous fourbus, nous nous couchons après avoir regardé avec perplexité un soap indien sous-titré en Français sur une chaîne locale.